Créé sur deux ans en 1998-99 en plusieurs étapes, Un peu de poussière de chair, la nuit constitue un tournant dans notre recherche. Il s’est agi avec ce projet d’expérimenter une relation inédite au spectateur et au spectacle.
La soirée se déroulait en quatre temps. Un petit musée du spectacle rassemblait des traces des répétitions: enregistrements sonores, vidéos, photos, livres, peintures qui ont directement ou indirectement nourri les répétitions, cette matière qui infiltre le spectacle, le raconte, le traverse.
La soirée se poursuivait par la mise en scène de Clyde Chabot du texte La Chanson de la main de Yan Allegret. Cette pièce retrace la vie d’un être fragile, sorte d’oiseau tombé du nid, et sa relation trouble avec une femme, amante, mère ou sœur, on ne sait pas. Il est seul sur le plateau, les yeux écarquillés, resté comme tel depuis le départ ou la disparition de la femme de sa vie. La figure féminine disparue revient, lointaine, sur le plateau comme violoncelliste et bricoleuse sonore.
De nouvelles pistes de mise en scène ont été explorées à chaque étape de création.
Dans un troisième temps, les spectateurs étaient conviés à proposer des directions de jeu sur quelques extraits de la pièce. Un acteur, une musicienne, l’auteur et un vidéaste répondaient aux propositions. Partant de sa position traditionnelle, le spectateur était invité à entrer dans la machine théâtrale que nous avions imaginée pour lui et dont les portes s’ouvraient pour un moment de partage et d’inventivité collective.
La soirée se terminait par une discussion avec les spectateurs, moment essentiel de rencontres et d’écoute.