Ce texte interroge le désir de réussite et la peur du ratage d’un auteur, Mortin. Il dévoile les dessous de l’écriture, ce que l’on ne devrait pas montrer : les doutes, la solitude, l’impuissance de l’auteur. Et cela devient la matière même du texte de Robert Pinget.
Au delà de l’impossible écriture, ce qui était mis en scène, c’était l’impossible théâtre.
Comment le spectacle peut-il montrer l’envers de la machine de la création théâtrale ? Comment peut-il laisser transparaître le processus d’écriture avec ses soubresauts, ses errances, l’attraction du vide, du silence ?
Nous avons inventés quatre personnages autour de l’auteur vieillissant. Ils sont des prolongements fantasmatiques de sa pensée, des doubles incarnés. Dans notre lecture de L’Hypothèse, Mortin voyait sa vie défiler en pointillés à travers le journal vidéo que nous lui avons imaginé. Fonctionnant comme une enquête, le spectacle, images à l’appui, se resserre autour de lui. Les doubles et l’enquêteur-vidéaste se fatiguent de l’écriture insuffisante de leur créateur. Ils l’abandonnent à sa parole inutile et l’acculent à voir “défiler dans sa tête toutes les occasions perdues de se taire”.