1ère et 2e version (2001 / 2002)
L’écriture politique, chaotique et poétique de Heiner Müller m’a conduite à imaginer un principe d’interférences entre le texte, le jeu des acteurs et d’un musicien, et des actions réalisées par les spectateurs. Dans le temps de la représentation, ces derniers étaient invités à écrire à un ordinateur retransmis sur un écran, à diffuser un CD et à manipuler une caméra avec retour sur un écran vidéo. Les acteurs, le musicien et le vidéaste réinventaient chaque soir leur jeu (ou leurs compositions musicales) en fonction de ces interventions. Cette expérience collective fondée sur le désir, l’écoute et l’intuition proposait aux spectateurs d’être non seulement des récepteurs mais aussi de potentiels émetteurs au sein de cette machine théâtrale cherchante. – Clyde Chabot.

DISTRIBUTION

Texte Heiner Müller / Traduction Jean Jourdheuil et Heinz Schwarzinger / Mise en scène Clyde Chabot / Assistante mise en scène Séverine Batier / Scénographie Ghislaine Herbéra puis Annabel Vergne / Lumières Pierre Zach / Chorégraphie Marika Rizzi / Maître de chant Marie-Cécile Calmelet / Jeu Yann Allegret, Elodie Brémaur, Nadéège Hédé, Anne Sophie Juvénal, Boris Lémant (jeu), Cyril Alata (Musique et son) Sophie Laly puis Eric Angels (vidéo) / Chargée de production Ségolène Dupont

COPRODUCTION

La Communauté Inavouable, Forum culturel de Blanc Mesnil, Epopea Cité des arts de la représentation, La Gare mondiale – lieu de recherche et de confrontation théâtrale, Le Hublot-Colombes, OARA Molière Scène d’Aquitaine, aide à la production dramatique du Ministère de la Culture DRAC Ile de France. Avec le soutien de l’ADAMI et de DICREAM

EXTRAITS DE PRESSE

Une utopie concrète “Pas de scène et pourtant il y a bien du théâtre (…) En fin de compte l’enjeu du spectacle, c’est l’humain et sa difficile relation à l’autre. Un spectacle nourri de l’utopie communiste : nous pourrions tous produire quelque chose ensemble en ce lieu où nous sommes, pour une fois, libres d’observer ou d’agir et de devenir pour une seconde d’éternité comédiens, vidéastes, écrivains. Une utopie, c’est certain, car celui qui tapote le clavier depuis une demi-heure, dont le phrasé sublime est relayé par Hamlet n’est-il pas déjà un écrivain ? Celle qui se lance, dirigeant la caméra d’une main sûre, dans un cadrage pointu de l’étrange Ophélie n’est-elle pas déjà vidéaste ? Certainement, mais peut-être non. C’est ce « peut-être non » qui importe dans Hamlet-machine.”

Violette Bernad, Mouvement, juillet 2002 + Voir l’article

Le spectateur, créateur virtuel “Il est possible, en pleine dictature médiatique, d’utiliser les médias pour offrir au public une expérience concrète qui catalyse la renaissance d’une conscience politique. Par le thème de Hamlet-machine – la fin de l’utopie communiste et l’absence d’utopies dans le capitalisme – et par la position des spectateurs, le mise en scène de Clyde Chabot réunit les nouvelles formes et les anciennes. Elle modifie la position du public vis à vis d’une œuvre et vis à vis de questions essentielles : à quoi faut il résister aujourd’hui ? Qu’est, qu’était pour vous le communisme ? Qui manipule qui ?”

Thomas Hahn, Cassandre n°41, mai-juin 2001 + Voir l’article

Hamlet à l’infini “Le public est invité à se déplacer pour changer de point de vue et à interférer dans le cours du jeu et même du texte.(…) Les acteurs évoluent sur une grille de travail très précise et se tiennent ouverts à toute proposition extérieure. Un musicien est aussi là au bord du plateau. L’œuvre de Müller – devenue ainsi une machine théâtrale à variations multiples – se prête complètement au jeu, lui opposant aussi une belle résistance. Il n’y a pas de représentations ; chaque soirée s’offre comme une nouvelle possibilité sans épuiser toute la richesse de la pièce.”

Maïa Bouteillet, Libération, 27 mars 2001 + Voir l’article

Hamlet-machine, sensuelle et interactive “Le dispositif pour porter l’écriture très dense de Müller s’avère vite d’une grande pertinence. Chaque phrase recycle la mémoire d’un monde. Le processus imaginé ici maintient ouvert le sens du texte et procure une juste idée de cette pensée en mouvement.
Les acteurs évoluent dans cette zone fluctuante avec un calme et une écoute extrêmes, solides sur leurs positions et parés à l’improvisation, libres de reprendre ou non les propositions des spectateurs au vol. Sur ce fil périlleux, la partition d’Anne-Sophie Juvénal sur le monologue d’Ophélie est d’autant plus remarquable que ce passage est l’un des plus délicats. Yann Allegret offre son corps sous tension à Hamlet. Avec leurs compagnons de scène, ils nous entraînent dans un théâtre-machine sensuel.”

Maïa Bouteillet, Libération, 9 février 2001 + Voir l’article